La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)  est l’un des produits de la « Loi Royal » sur la transition énergétique votée en 2015. Elle prévoit les besoins  en matière d’énergie et les moyens pour y répondre sur les cinq années (x 2) à venir.
La consultation du débat public organisé par la Commission Nationale du Débat Public sur le sujet est intéressante. Les différents acteurs concernés s’y expriment.  Leurs propositions sont souvent convenues et conformes au rôle de chacun, parfois plus imaginatives avec de vraies idées. La clôture de cet exercice a eu lieu le 29 juin dernier.
Ce n’est pas pour autant que  le Gouvernement pourra plus facilement que ses prédécesseurs en tirer les lignes forces d’un programme pour les 5  (x2) années à venir compatible avec une vision de long terme encore floue à ce jour.
https://ppe.debatpublic.fr/liste-complete-cahiers-dacteurs-du-debat-ppe
Les Echos reviennent sur ce dispositif et la difficulté à le conclure. Voter une loi est facile. La mettre en oeuvre l’est moins …..surtout lorsque cette loi s’avère incohérente. Incohérences identifiées notamment par le CESE à l’occasion des diverses et nombreuses consultations faites par Mme Royal avec force publicité, pour finalement n’en retenir que ce qui lui permettrait un vote favorable en temps et heure avant la COP21 de la fin de l’année 2015.
Le bras de fer expliqué dans cet article des Echos entre Nicolas Hulot et EDF était prévisible. Le fait qu’ EDF soutienne financièrement – comme d’autres énergéticiens – de longue date, la Fondation de l’ex journaliste vert (aujourd’hui devenue « Fondation  pour la nature et pour l’homme »), ne suffit pas à le transformer en fervent soutien du nucléaire. Ce dernier s’est lui-même empêtré dans ses incohérences.  EDF a joué sur cet échiquier à sa façon et sans que personne ne l’en empêche. Et notamment pas son Conseil d’administration.
Il va bien falloir pourtant sortir de cet imbroglio tissé au fil des compromis récurrents entre des gouvernants tenus par des promesses électorales et des dirigeants d’entreprise nommés par ces gouvernements.
Tout cela sur toile de fond d’enjeux industriels, économiques, environnementaux et sociaux de fond.
Responsabilité en matière de sûreté hier, aujourd’hui et demain
N’oublions pas que les uns et les autres (Gouvernement et Dirigeants d’EDF) portent la responsabilité de la sûreté nucléaire devant chaque Français. Ce qui les oblige….à une gestion responsable,  sereine et fiable des réacteurs en fonctionnement aujourd’hui. Quoiqu’il en soit des débats en cours. Mon expérience de dirigeante d’activités à risque, me permet d’affirmer l’importance de la rigueur, de la cohérence et de la confiance dans le management de la sûreté/sécurité. C’est un sujet à part entière au jour le jour, quelles que soient les conclusions du débat à l’occasion de la PPE.
La succession d’incidents est toujours un signal d’alerte. Il ne s’agit pas de  » loi des séries ».  Pour arrêter cette spirale, encore faut-il en avoir conscience. L’identification des causes réelles et leur traitement avec rigueur et détermination est la seule possibilité. Une exigence commune aux exploitants, au gouvernement et aux organismes de contrôle.
Le scénario catastrophe d’un incident /accident est insupportable et inacceptable. Nous avons l’obligation de poursuivre en sécurité  l’exploitation des réacteurs existants le temps qu’il faut pour changer les équilibres, dans le plein exercice de notre responsabilité. Soyons exigeants.
Sortir des compromis et des débats sans finÂ
L’hypothèse d’une augmentation de la consommation d’énergie/électricité ne saurait être un argument pour justifier de ne rien changer. Il faut repenser  chaque activité pour consommer moins.  Dans la vie quotidienne,  dans la production industrielle, dans les services.  Mettre en mouvement toutes les entreprises, les territoires, l’administration locale et nationale. Arrêter ces décisions inefficaces comme par exemple l’éradication du diesel sans avoir revu la réglementation ni la fiscalité. Ainsi les entreprises ont encore intérêt à choisir le diesel plutôt que l’essence.  Etc …
Le chantage à l’emploi n’est pas non plus un argument pour ne rien changer. Le redéploiement vers d’autres technologies et la transformation des pratiques dans tous les secteurs d’activité sont créateurs d’activité et d’emplois. Prioriser les travaux de recherche selon les orientations du futur, utiliser les ressources financières à bon escient pour soutenir les projets de start-up avec rigueur et suivi etc …L’alliance du numérique, des métiers, des savoir-faire et du professionnalisme sont les facteurs clés complémentaires.
A ces ingrédients de base s’ajoute la prise en compte d’un espace géographique au delà des frontières de l’hexagone. Du plus petit territoire français en allant jusqu’aux point les plus éloignés de l’Europe. L’énergie comme l’environnement sont des sujets à partir desquels l’Europe prend tout son sens. ils sont susceptibles de redonner un souffle à un projet refondé.
Responsabilité républicaineÂ
L’identification et la mise en oeuvre résolue d’un objectif collectif dans la durée est la condition sine qua non pour trancher les débats sans fin censés éclairer les choix en matière d’énergie et d’environnement pour les générations futures.
L’indépendance énergétique n’est plus ressentie comme un objectif majeur. Pourtant les manoeuvres et les propos du Président Trump ……pourraient bien la remettre en tête de nos préoccupations.  Nous pourrions être à nouveau concernés par les questions de l’approvisionnement en pétrole, gaz, lithium et autres ressources naturelles que nous n’avons pas. Sous peine de voir notre balance commerciale pencher sévèrement et la facture du client (quel que soit son fournisseur) augmenter fortement.
Les objectifs de réduction des gaz à effet de serre ne sont pas atteints. Les signataires des engagements de la COP 21 ne font pas preuve d’un grand entrain pour les mettre en oeuvre. Et pourtant nous n’avons pas le choix sauf à continuer à repousser le tas de sable.
Le challenge consiste à prendre en compte ces deux paramètres « mondiaux » en les mariant avec les réalités européennes et françaises. Intégrer les différences (géographiques, climatiques…), les diversités des territoires,  prévoir des solutions adaptées aux différents types de consommation sans oublier les personnes en difficultés.  Favoriser l’interaction entre le national et le local, entre le national et l’Europe. Marier la gestion centralisée des infrastructures de réseau et de production de l’électricité de base et le développement de solutions locales adaptées.
Créer la confiance pour que nous gardions la manoeuvrabilité indispensable pour rester en situation de choix et d’orientations respectant notre projet national.