Il n’y a pas plusieurs laïcités !! Incroyable comment l’esprit humain est capable de changer le sens – sans le connaître – d’un principe fondateur de la société française depuis 1905, sous prétexte d’ouverture etc … je suggère qu’avant de se précipiter pour raconter n’importe quelle histoire arrangeante, chacun reprenne l’origine de ce principe (pourquoi ? quand ? comment ?) et réfléchisse alors à la façon de le vivre aujourd’hui. Entendre Elisabeth Badinter ce matin sur ce sujet, remet les idées en place. Il n’y pas plusieurs laïcités. Il n’y a que celle qui assure la vie ensemble dans le respect de la diversité.
Articles en rapport
3 Commentaires
-
RT @Ronsard11: Merci à Patrick Cohen qui vient de confirmer que, contrairement à ce qu'a affirmé Laurent Berger, le PR n'a pas menti à son…
-
RT @C_litteraire: La terre se couvre d'une nouvelle race d'hommes à la fois instruits et analphabètes, maîtrisant les ordinateurs et ne com…
-
RT @SophiaAram: Si la honte d'avoir eu une mère délinquante et maltraitante m’empêchait de répondre à tous ceux qui,@Cyrilhanounahanouna et…
-
RT @medias_citoyens: Au JT de 12.30 de France 3, la rédaction opte pour un véritable tour de France des mobilisations. Le moindre blocage d…
Articles récents
-
-
CE QUI ENERVE : L’ACTUALITE « RETRAITE »Fév 1, 2023 | Réfléchir et agir
-
BABYLON : UNE BANDE SON DE FOLIEFév 1, 2023 | Lu, vu, entendu
-
COULEURS D’INCENDIENov 11, 2022 | Lu, vu, entendu
-
MASCARADENov 2, 2022 | Lu, vu, entendu

Chère Laurence, il y a peu j’ai été amené à faire de la prospective avec toutes les spiritualités présentes sur un territoire.
Nous sommes tombés d’accord sur la définition de Jean Baubérot (il tient notamment un blog sur le sujet dans la revue Médiapart) élaborée à l’occasion du centaine de la loi de 1905 :
» La laïcité peut être définie à partir de trois angles d’attaque.
– 1) Le respect de la liberté de conscience et de culte.
– 2) La lutte contre toute domination de la religion sur l’Etat et sur la société civile.
– 3) L’égalité des religions et des convictions – et des convictions parce que sont inclus d’autres choix spirituels y compris le droit de ne pas croire.
Ce triangle cerne assez bien le périmètre de la laïcité et il est très aisé de placer chacun des débatteurs actuels du sujet dans ce triangle.
Selon leur conviction, chacun des acteurs va privilégier un côté plus que l’autre :
– Les croyants auront tendance à s’appuyer essentiellement sur le premier (la liberté de culte).
– Les agnostiques se sont construits une sorte de laïcité identitaire, s’appuyant ainsi sur le deuxième côté exclusivement (la lutte contre la domination des religions). Les médias vont très volontiers parler de la laïcité sous cet angle parce que c’est l’aspect le plus conflictuel.
– Les minoritaires pensent à défendre surtout cette égalité de religions et de convictions. Et l’Etat doit y veiller.
Alors que le combat anticlérical n’est pas davantage la totalité de la laïcité que le serait la seule liberté de culte, croire que plus on est partisan de la liberté religieuse, plus on est laïque, est une erreur. Croire que plus on est contre la domination des religions, plus on est laïque, est aussi une erreur.
La laïcité n’est ni théiste, ni athée, ni agnostique. Elle doit permettre aux tenants de différentes philosophies d’exister ensemble – ou côte à côte, sans favoriser une philosophie au dépend d’une autre et sans nier ou réprimer l’une ou l’autre. Elle ne consiste pas à clouer le bec ou à empêcher les citoyens de vivre ou exprimer leur foi ou leur absence de foi. L’Etat est laïc (en théorie). Les citoyens sont tenants d’un mélange d’idées qui peuvent s’exprimer sur un terrain laïc.
Il faut arriver à tenir les trois bouts du triangle et cela empêche toute position arrogante et péremptoire. »
Pour ma part je me tiens à cette définition très englobante dont l’usage est efficace et efficient quand il s’agit de faire travailler toutes les spiritualités ensemble.
Cette approche a le mérite de pouvoir effectivement aider à échanger. Dans l’entreprise que je dirigeais, j’ai eu à engager des débats sur le sujet avec des managers démunis par les questions posées par des salariés. Je me suis aperçue que leur difficulté venait d’abord du manque de connaissance de ce qu’est la laïcité. Ils avaient oublié (en avaient-ils eu connaissance dans les cours d’édition civique ? dans les cours d’histoire?)l’existence de la loi de 1905, son origine. Le fait de repartir sur cette base a été appréciée et a permis à beaucoup de comprendre et donc de gérer des questions que les discours de politiques opportunistes avaient fini par rendre complexes à force de ne pas poser le problème sur les bonnes bases.
Merci Jacques. Ce serait intéressant si tu faisais quelques lignes de témoignages de l’expérience que tu as menée sur le sujet pour ce blog…..que j’aimerai de plus en plus ouvrir à des témoignages.
Le point de départ de ce questionnement tient en quelques propos exprimés lors d’une enquête réalisée à très grande échelle sur ce territoire qui traduisaient un fort besoin de sens dans la construction du territoire :
– « L’enjeu premier pour moi, c’est la qualité du lien social, c’est-à-dire une ville où on peut sortir sans crainte de se faire égorger, où les gens se parlent, où il n’y a pas cette violence latente ».
– « Assurément, la démocratie deviendrait un modèle si elle changeait les indicateurs de réussite basés sur consommation et croissance par des indicateurs bien-être et sérénité ».
– « En quoi peut‐on considérer que les diversités sont un investissement pour l’avenir ? »
– « On voit bien que si les injustices sociales continuent de se creuser de façon inconsidérée,….le tout accompagné d’un discours identitaire montant les gens les uns contre les autres, on se prépare un monde qui ne va pas être très agréable »…
Sur cette base j’ai élaboré « un outil », – bien que l’expression ne soit pas la plus adaptée pour traiter de ce genre de question-, pour permettre à chacun :
– de se sentir intégré dans le débat et de pouvoir échanger avec les autres, même s’il se sentait beaucoup plus proche d’un des sommets du triangle que j’évoquais plus haut que des 2 autres.
– de bien définir et de partager des notions essentielles comme la laïcité, la religion, la spiritualité, et les enjeux de chacune de ces définitions dans les débats d’idées, dans la vie en commun et dans la production de « sens » pour la construction de l’avenir du territoire, en plus de l’élaboration de projets très concrets.
Je tiens cet outil et les conclusions auxquelles il a permis d’aboutir à ta disposition. Je dois dire que la vague d’attentats auquel notre pays a été confronté m’a directement ramené aux craintes exprimées et aux travaux que nous avions menés tous ensemble pour les surmonter… quelques année avant.