Je reçois aujourd’hui un mail du Président d’EDF en tant qu’ex « salariée » de cette entreprise.

Cela tombe bien car hier, j’ai eu l’occasion d’échanger avec un technicien d’Enédis qui m’expliquait que le 14 janvier (aujourd’hui donc) était jour de grève. « Pour manifester notre inquiétude sur le projet de découpage de la boite », me dit-il. « Vous savez, c’est le projet ….ah, zut, j’ai oublié son nom.Vous savez, la pression de l’Europe est forte, très forte…nous sommes obligés par elle. »

A quoi ? « …à être découpé en 3 entités. D’un côté le nucléaire, de l’autre RTE…et le reste…. ». J’ai trouvé cela peu clair. D’autant que ce technicien d’Enedis, ne me semblait pas être concerné. « Mais si m’expliqua-t-il, notre activité va être faite par d’autres…comme Bouygues etc …il y a plein de monde qui veut reprendre les concessions. Le réseau ne nous appartient pas …etc …c’est l’Europe « .

Ce message de voeux arrive donc à pic. Je vais mieux comprendre les orientations de l’entreprise. Et bien voilà  :

« …Les besoins d’investissement dans la transition énergétique sont considérables et nous devons pouvoir tenir notre rang. Nous ne pouvons pas nous résigner à nous faire distancer par nos concurrents. EDF doit disposer des moyens de faire les investissements nécessaires à la concrétisation de son ambition. Cela passe par trois objectifs stratégiques. Nous devons en premier lieu sécuriser les revenus du parc nucléaire français en réformant profondément l’Arenh. Nous devons dégager plus de moyens pour construire des solutions innovantes et pour accompagner nos clients et les territoires dans la transition énergétique. Nous devons enfin préserver et développer l’hydraulique, une énergie pilotable et verte, riche d’emplois qualifiés.

C’est pour cela que des discussions actives, auxquelles nous sommes étroitement associés, ont lieu depuis plusieurs mois entre le gouvernement français et la Commission européenne. A l’heure où j’écris ces lignes, aucun accord n’a encore été trouvé. Ce que je peux vous dire, c’est que je n’accepterai un accord que s’il répond à ces trois objectifs stratégiques, et aussi qu’il maintient le Groupe intégré incluant la possibilité de mobilités entre entités, qu’il ne remet pas en cause le statut des IEG, et que notre marque EDF, tant aimée des Français, reste le dénominateur commun des futures entités. Soyez assurés de ma totale mobilisation pour porter haut les intérêts du Groupe, et vos intérêts en tant que salariés…« .

Enthousiasmant..non !

Immobilisme, attentisme et passivité… et la peur qui transpire. La peur de quoi ? de qui ? des « forces de progrès » ?

Alors je formule un voeu simple : arrêtez d’avoir peur Monsieur le Président d’EDF. Vous n’éviterez pas le danger ainsi…au contraire.

Parlez nous de ce projet « Hercule » !! Je ne gloserai pas sur les 13 travaux d’Hercule ni sur ses pieds d’argile. Parlez-nous du nouveau terrain sur lequel se situe la réflexion stratégique du Groupe. Parlez-nous de l’Europe, devenue l’espace sur lequel se font au quotidien et depuis de nombreuses années, les équilibres production/consommation, l’interconnexion des réseaux, les échanges commerciaux, les complémentarités entres les différentes sources d’approvisionnement …

Parlez-nous de tout ce qui donne envie de changer …de changer de regard, d’ouvrir nos raisonnements bref d’avoir confiance dans la force d’EDF pour ouvrir d’autres espaces et y être force de proposition et non celle qui subit.

Parlez aux femmes et aux hommes de métiers qui ont fait et qui font au quotidien vivre l’âme d’EDF partout sur les territoires.

Donnez leur des raisons de vous suivre et ne vous abritez plus derrière l’Europe.

Ce n’est plus possible.