Avoir créé une dépendance entre la fin d’exploitation de Fessenheim et la mise en exploitation du réacteur EPR Flamanville est une bien curieuse décision, dénuée de fondement industriel, social et économique. Ces deux réacteurs n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Une fausse bonne décision qui ne permet pas de clarifier les scénarios possibles pour une politique énergétique pertinente dans la durée. L’ambiguïté des différents gouvernements sur ce sujet depuis 1981 se poursuit.
L’une, Fessenheim a fait ses preuves, l’autre non.
La centrale alsacienne fonctionne dans le respect des réglementations,  sous les nombreux contrôles extrêmement rigoureux des autorités de sûreté et les multiples inspections nationales et internationales….avec un coût de production très bas. L’autre, Flamanville EPR dont le chantier atteint un coût prohibitif et rencontre de multiples problèmes depuis le début de sa conception, durant le chantier, y compris dans les composants produits par le secteur industriel concerné. Son frère Finlandais n’a jamais été fini….cette technologie EPR est reconnue par la communauté internationale comme étant obsolète.
Difficile de comprendre pourquoi nous envisageons de nous priver d’une source de production d’électricité efficace dans les conditions de sécurité validées, pour un réacteur qui ne présentera pas ce même niveau de fiabilité avant plusieurs années d’exploitation.
Une non décision.
Comment faire semblant de vouloir démanteler Fessenheim et donc donner raison aux  anti…. alors que l’EPR de Flamanville n’est pas prêt d’être mis  en exploitation et que de nombreux problèmes ne manqueront pas de surgir comme pour tout nouveau premier réacteur d ‘une nouvelle technologie. Certes cette mesure conservatoire évite de mettre en difficulté l’alimentation en électricité de notre pays puisqu’aucune stratégie réaliste n’est aujourd’hui définie.
L’impression que personne n’ose vraiment engager un vrai programme avec des orientations claires, des objectifs mobilisateurs et donc mesurables au fur et à mesure de la mise en oeuvre des décisions.
Quel est le moteur de cette politique ?  la réduction des émissions de carbonne et de produits dérivés n’est-elle pas de nature à créer une réelle dynamique de tous les acteurs sociaux économiques de notre pays, et au-delà des frontières …?
Quelques axes concrets pour avancer
A court terme, il serait salutaire de demander à EDF de travailler sur ses coûts et ses charges, et cela en interaction avec l’administration et l’Autorité de contrôle.  Au fil des générations, les contrôles et la règlementation se sont considérablement alourdis sans pour autant que cette surcharge administrative puisse être considérée comme générant plus de sécurité. On pourrait certainement démontrer le contraire ainsi que les surcoûts qui en découlent tout au ont de chaque processus. Les charges d’exploitation aussi bien côté entreprise que côté administration, sont en expansion sans limite depuis 20  ans.
Une situation qui n’est d’ailleurs pas propre au secteur nucléaire uniquement. La recherche de surprotection de l’administration crée des situations incompatibles avec l’exercice du professionnalisme et de la responsabilité de l’intervenant.
Travailler à une politique industrielle de l’énergie pour la redéfinir en fonction des objectifs de réduction des émissions de carbone. Poursuivre les recherches en matière de stockage de l’électricité, de filières nucléaires plus souples et plus compactes pour assurer la production d’électricité de base fiable et de qualité, ouvrir des scénarios basés sur la complémentarité des énergies et des solutions selon les activités, la géographie et les besoins…..avec une approche coût/tarif/impact environnemental.
Bref, travailler à cette transition énergétique que tous les gouvernements ont tenté d’apprivoiser….sans succès.
Et  construire une politique énergétique à la maille Europe
La condition sine qua non, pour une politique énergétique réaliste dans la durée, est la maille européenne.
Un pas après l’autre… la chancelière allemande commence à ouvrir la porte à l’idée d’un budget à la maille européenne, Quid de la fiscalité ?  des règles sociales ? de l’énergie ?….ces questions risquent fort de ne pas pouvoir être abordées tant que les forces nationalistes émergent dans les pays membres de l’Europe.
C’est une course de vitesse, dans laquelle aujourd’hui ceux qui sortent du peloton sont ceux qui portent le flambeau du repli et de la fermeture des frontières. Rien qui puisse faciliter des stratégies de long terme pour respecter nos engagements pris à grand renfort de COP 21 etc ….
Ce serait un véritable échec de retrouver l’objectif des années 73-79 d’indépendance énergétique.
L’histoire est un éternel recommencement.