L’éditorial de l’Usine nouvelle, écrit par Christine Kerdellant (directrice de la rédaction), résume la situation de méconnaissance générale des principes de base de l’économie en France.

En le lisant, je me suis demandée pourquoi cette méfiance (défiance ?) vis-à-vis de l’economie dans notre pays. Est-elle du même registre que la relation de méfiance que les français ont avec les entreprises et leurs dirigeants ? Est-ce cette même origine qui alimente la relation ambiguë qu’ils entretiennent avec l’argent ?

Il est vrai que l’économie n’a longtemps pas été enseignée. Pour ma part, littéraire  en plus « classique » je n’en avais jamais entendu parler en dehors de mon cercle familial. Puis c’est dans mon job, que j’ai été amenée à apprendre sur le tas, les principes de base. Dans les entreprises dans lesquelles j’ai travaillé à partir des années 80, la culture générale des dirigeants en matière économique était assez inexistante alors celle des salariés ……

C’est assez effrayant de penser à toutes ces décisions qui ont été prises en dehors de toute logique économique et dont aujourd’hui nous payons le prix fort. Évidemment un exemple criant est celui des 35h. L’objectif de départ était louable et stupide: « partager le gâteau » entre ceux qui avaient du travail et ceux qui n’en avaient pas. Il n’etait pas question de chercher à « augmenter le gâteau » pour le partager. Non. Et donc aujourd’hui il va de soi pour beaucoup, qu’il est normal de gagner plus en travaillant moins. Alors que dors et déjà ceux qui ont un salaire de 1200€, peuvent gagner un peu de pouvoir d’achat net d’impôts en travaillant 39h. Le dogme de 35h a contribué à dérégler la compréhension de base, que tout travail mérite salaire.

Mille exemples peuvent illustrer cette confusion générale. La situation de l’Assistance publique Hôpitaux de Paris et de la médecine en France en est un autre. L’indigence actuelle après les années de faste et de haute qualité, est la résultante notamment du manque de culture économique et de gestion de cet univers, depuis toujours. Les médecins qui m’entourent, témoignent volontiers de l’absence d’enseignement dans leurs études des approches  « qualité /coût » des actes élémentaires. Et la carte vitale donne l’impression que tout est gratuit ….. alors !

L’enseignement de l’économie ne sera pas seul suffisant pour changer les mentalités et les représentations du travail. Il y contribuera dans la durée. Dans les grandes entreprises, des règles simples, lisibles et équitables sur les salaires du bas en haut devraient être définies et contrôlées par leurs organes de gouvernance.

L’exemplarité est un autre ingrédient indispensable pour faciliter la compréhension ainsi que la transparence sur les décisions prises, leurs coûts et leurs bénéfices attendus.

Cette révolte des gilets jaunes est dans la suite des révoltes qui ont traversé régulièrement l’Histoire de notre pays motivées par la lutte des classes. Arrêter cette force invisible en la transformant en une énergie de construction collective et solidaire, est un projet en soi.